A Propos
Le style est une démarche
Jean Cocteau
Les rencontres façonnent un homme, un entrepreneur, un artiste.
Le privilège de la curiosité mène à un chemin singulier : faire, créer, espérer, se perdre et continuer quand même sa voie, apprendre et transmettre ce que nous apprenons de nos efforts.
Ivé est actif dans la peinture, l’artisanat, le design et les métiers d’art de la maison.
Encounters shape a man, an entrepreneur, an artist.
The privilege of curiosity leads to a singular path: to do, to create, to hope, to lose oneself and to continue one’s path, to learn and to transmit what we learn from our efforts.
Ivé is active in painting, sculpture, design and crafts in the domain of interior architecture.
Notes et correspondances
Je suis un artiste plasticien. Tout est sujet. La peinture est la rencontre du geste et du sens. La couleur en est le vocabulaire, le rythme la syntaxe et la lumière la langue. La peinture comme la sculpture cristallisent des instants éphémères. On refuse la proclamation factice de la primauté de l’art numérique en matérialisant les interactions entre les territoires de l’homme.
Je m’inscris dans le courant suprématiste (celui de la couleur) et restitue par les tons mes sensations et mes émotions. Mon trait est d’abord expressif, ensuite représentatif. Je souhaite être perçu pour mon regard et ensuite ce qui sera éventuellement décrit comme un style.
Il faut penser la peinture. Elle avance en puisant dans nos réflexions la force de remettre en cause ce qui est déjà accompli. Loin de nous immobiliser elle aboutit à la sauvegarde de ce qui pourrait disparaître en nous.
L’Art n’est pas une attitude ni une posture. C’est un regard, un souffle, un désir parfois douloureux à exaucer. Si cette souffrance est fondamentale elle n’est pas le fondement unique ou excluant de la créativité. Elle rejoint la définition du plaisir : aller sans remords jusqu’à la limite de nos cognitions et la franchir, habité par l’instant.
L’Œuvre relate les temps décisifs de notre vie. On ne se contente pas de la laisser s’écouler. On les raconte pour les donner à ressentir. On les montre comme une offrande offerte de notre vivant au regard des hommes.
Le nom d’un tableau nait à la fin de sa construction. Un titre est un voyage mental. Il révèle un itinéraire secret qui nous libère des «interdits» du marché et nous permet d’établir notre capacité d’être libre.
Prendre le temps de regarder une œuvre permet de s’affranchir du joug du quotidien. C’est résister à la passivité .
I am a visual artist. Everything is subject. Painting is the meeting of gesture and meaning. The color is the vocabulary, the rhythm the syntax and the light the language. Painting and sculpture crystallize ephemeral moments. The false proclamation of the primacy of digital art is being denied by materializing interactions between human territories.
I am part of the current supremacist (that of color) and restores by tones my feelings and emotions. My trait is first expressive, then representative . I want to be seen for my look and then what will eventually be described as a style.
We must think of painting. It advances by drawing from our reflections the strength to call into question what has already been accomplished. Far from immobilizing us, it leads to the safeguarding of what could disappear within us.
Art is not an attitude or a posture. It is a look, a breath, a desire sometimes painful to grant. If this suffering is fundamental, it is not the only foundation or excluding creativity . It meets the definition of pleasure: going without remorse to the limit of our cognitions and crossing it, inhabited by the moment.
The Work recounts the decisive moments of our lives. We don’t just let them pass. We tell them to make them feel. They are shown as an offering offered in our lifetime to men.
The name of a painting is born at the end of its construction. A title is a mental journey. It reveals a secret itinerary that frees us from the “no-go” market and allows us to establish our ability to be free.
Taking the time to look at a work can free yourself from the yoke of everyday life. It is resisting.
Design
Ivé a accompagné pendant trente ans la création, la politique de marque (branding), la distribution internationale et la formation des équipes de vente de grands designers, d’éditeurs de textiles ou d’ameublement.
Chargé de cours à l’ENSAD ( École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris ) il a transmis les clés de lecture des marchés aux élèves de la. Section textile et donné des conférences dans les Instituts CAMONDO, ESAG et DUPERRE.
Ses tableaux ont ponctué son parcours. La priorité donnée aux couleurs lui permettent d’élaborer des gammes de teintes pour des tisseurs actifs à l’international.
Ses rencontres avec Werner Panton, Jean-Philippe Lenclos, Piero Crida, Manuel Canovas, Jack Lenor Larsen et les industriels chargés de leur production ont orienté ses exigences vers une trilogie personnelle : Émotion, Culture, Esthétique.
C’est sur ce socle que le SHOWROOM 77 a été fondé à Genève. Cet espace réservé aux professionnels est aujourd’hui dirigé par ses anciens collaborateurs. Ivé continue cependant d’assister les architectes d’intérieur pour lesquels sa pratique, son expertise, sa vision et son expérience sont appréciées.
Il mobilise et fédère de bons artisans et façonniers pour leur confier des travaux afin de répondre aux mandats qui lui sont confiés.
For thirty years, Ivé has accompanied the creation, the branding policy, the international distribution and the formation of sales teams of great designers, textile and furniture publishers.
Lecturer at Paris’s ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) he passed to the students ( Textile Section ) reading keys of the markets Textile section and lectured at the Institutes CAMONDO, ESAG and DUPERRE.
His paintings punctuated his journey. The priority given to colours allows him to develop colour ranges for internationally active weavers.
His meetings with Werner Panton, Jean-Philippe Lenclos, Piero Crida, Manuel Canovas, Jack Lenor Larsen and the industrialists responsible for their production have directed his demands towards a personal trilogy: Emotion, Culture, Aesthetics.
It is on this basis that SHOWROOM 77 was founded in Geneva. This area reserved for professionals is now managed by its former employees. Ivé, however, continues to assist interior architects for whom his practice, expertise, vision and experience are valued.
He mobilizes and federates good craftsmen and fashioners to entrust them with work in order to meet the mandates entrusted to him.
Les toiles, sculptures, icones, totems et objets
Optant délibérément pour la peinture à l’huile, technique classique par excellence, Ivé crée une calligraphie graphique / chromatique restituant les émotions avec un vocabulaire constitué de formes, de lignes , de forces et de couleurs.
La rigueur de ses compositions lui fait éviter la confusion entre l’art décoratif et celui d’un tableau.
Les toiles sont le témoignage de rencontres et de regards portés sur des instants de vie.
Celui qui les compose opère selon un rituel : Ivé élabore son travail tôt dans la journée. Il façonne les couleurs pour les appliquer comme on rédige un journal intime . On y lit les réminiscences des parfums et des souffles ; de ce récit naissent les mélodies et les silences d’une histoire humaine qui devient un sujet d’art.
La toile bâtie avec les gestes du peintre s’écoute alors autant qu’elle se voit.
L’œuvre est renforcée par la proposition fréquente de diptyques ou de triptyques. Ces éléments constituants peuvent être acquis séparément ; des personnes peuvent partager physiquement une œuvre et vivre cette connivence.
Les ombres, la masse minérale et le poids des couleurs sont les éléments d’une construction intégrant la perception de la lumière des lieux où les sujets prennent vie. Le travail des matières révèle la sensualité des surfaces.
Peindre c’est regarder. En dissociant les structures des lieux observés pour les assembler par « ordre de priorité plastique » on établit une hiérarchie des sensations qui profile la pensée artistique, le choix militant du peintre.
Peindre c’est lire. Parcourir une toile est le prélude d’un instant privilégié. Celui qui regarde un tableau entend son âme et rencontre, dans une suspension temporelle, l’auteur d’un objet «de sens» né de la volonté narrative de l’artiste.
On ne voit pas un tableau tous les jours de manière identique. La texture, l’écho des matières et l’aspect sculpté qui émane de l’agencement des motifs sont des opportunités qui modulent nos sensations au gré de l’état de notre personne.
C’est un repère choisi pour affermir notre liberté de vagabonder dans le patrimoine émotionnel de notre personne sans jamais nous perdre.
Deliberately opting for oil painting, classic technique par excellence, Ivé creates a graphic/ chromatic calligraphy restoring emotions with a vocabulary consisting of shapes, lines, strengths and colors.
The rigour of his compositions made him avoid the confusion between decorative art and that of a painting.
The paintings are the testimony of encounters and gazes on moments of life.
The person who composes them operates according to a ritual: Ivé elaborates his work early in the day. It shapes the colors to apply them as one writes a diary. The reminiscences of perfumes and breaths are read here; from this account are born the melodies and silences of a human history that becomes a subject of art.
The canvas built with the gestures of the painter is to be heard as much as it is to see.
The work is reinforced by the frequent proposal of diptychs or triptychs. These constituent elements can be acquired separately; people can physically share a work and experience this collusion.
Shadows, mineral mass and color weight are the elements of a construction that integrates the perception of light from the places where the subjects come to life. The work of the materials reveals the sensuality of the surfaces.
To paint is to look. By separating the structures from the places observed and assembling them by «order of plastic priority» we establish a hierarchy of sensations that profiles the artistic thought, the militant choice of the painter.
Painting is reading. Browsing a canvas is the prelude of a privileged moment. Those who look at a painting hear their soul and meet, in a temporal suspension, the author of an "object of meaning" born of the narrative will of the artist.
You don’t see a painting every day in the same way. The texture, the echo of the materials and the sculpted aspect that emanates from the arrangement of the motifs are opportunities that modulate our sensations according to the state of our person.
It is a landmark chosen to strengthen our freedom to wander in the emotional patrimony of our person without ever losing us.
Peindre
C’est transcrire par un « visible enrichi » ce qui conduit à la révélation progressive d’un sujet. On use pour cela de gestes, de matières, du positionnement des surfaces et de leur intensité.
C’est convertir une sensibilité en substance, refléter un monde intérieur, rendre l’œuvre accessible à l’émotion. Ainsi elle signifiera toujours autre chose qu’elle-même. Nos sens sont un mode de connaissance ( qualia ).
Pour cette raison nous ne devons pas nous soucier de ce qui nous apparaît à travers une œuvre mais découvrir ce qui nous rend réceptif à sa manifestation.
Ce sont des moments parfois silencieux et riches où je « vois en couleurs » un itinéraire intime, jalonné par mon vécu, mon décor de vie. Je ne sais jamais où j’aboutis sauf pour les portraits ou les travaux de commande.
Tout devient sujet, parfois puissant, parfois sotto vocce.
L’objet peint devient un produit à regarder et à garder en mémoire. Il est à traverser comme si de l’autre côté des étonnements et des chemins d’imagination nous attendent. L’objet peint fonde l’échange vivant entre l’expression de l’artiste et les sensations du témoin.
Notre pragmatisme dans cet univers hyperactif nous habitue à vouloir « reconnaître » quelque chose mais le filtre du regard de l’artiste est assurément plus réel que ce que nous prendrions pour la réalité
Le témoin est replacé devant sa propre créativité, souvent inexploitée mais enrichie par le courage de sa curiosité.
Un dialogue naît alors dans la contemplation.
Le Travail
Je suis un artiste plasticien.
Une toile ou d’autres objets sont conçus avec des formes et des matières qui ne représentent pas une réalité. Elles lui substituent une nouvelle apparence qui prévaut par la couleur sur le hasard et l’aléatoire.
Je peins à l’huile sur des toiles, du bois ( brut ou façonné, parfois enduit de plâtre ) et ajoute à la couleur initiale des pigments ; parfois des matières comme le sable ou de la poudre minérale.
Le processus consiste à placer sur un support une ou plusieurs couches de fonds pour faire « sonner » le ton attendu. Par exemple le rouge appliqué sur une couche grise ayant séché aura une autre énergie et luminosité que s’il est mis sur du bleu ou du blanc.
J’applique ensuite des traits et des lignes de dimensions différentes. J’obtiens un assemblage de forces et de rythmes qui mène vers un dessin qui construit une calligraphie, un langage.
Le temps alors investi conduit à la sculpture des reliefs révélés par l’épaisseur des couches, les brillances et les grains variés des matières sur le support.
Cette fragmentation par étapes me fait écrire d’une manière figurée ( métaphorisation ) les forces et les actions térébrantes qui vivent en moi.Les caractères Kanji et l’art japonais du Wabi-Sabi structurent actuellement mes choix pour « dire » le vécu d’un voyage créatif.Le témoin est replacé devant sa propre créativité, souvent inexploitée mais enrichie par le courage de sa curiosité.
Les caractères Kanji et l’art japonais du Wabi-Sabi structurent actuellement mes choix pour « dire » le vécu d’un voyage créatif.
Mes représentations visuelles ne se soumettent ni à la géométrie ni à l’abstraction libre. Elles naissent dans la rencontre du geste, de la lumière et de la matière.
Au cours de ces actes je suis entouré à l’atelier par :
- Des Totems : ma tribu est la couleur. Un Totem énonce mon appartenance clanique.
- Des Plaques Mémorielles inspirées par mon voyage au Japon. Elles signalent la présence de l’esprit des couleurs. Elles établissent une relation de l’homme avec ces objets et la fonction que nous leur prêtons ( le bois est arbre, fétiche, planche ou abri ). J’imagine que ces plaques écartent certaines tentations vagabondes et me ramènent au culte de la couleur.
- Des Icones et des Canivets. Ce sont des repères de petite dimension, chargés de sens. Ils jalonnent le parcours vers la musique et les images de la couleur.